Alors que je prévoyais ma prochaine session en grand lac au cœur du mois d’avril, ma femme m’a gentiment rappelé que mes projets tombaient au même moment que les vacances de mes enfants. Me faisant comprendre à demi-mot qu’il serait peut-être préférable que je trouve une destination compatible avec une pêche familiale.
C’est alors que l’idée de revenir sur un plan d’eau que j’avais découvert au cœur de l’hiver m’est apparue. En effet celui-ci est situé à proximité d’un camping ce qui peut me permettre de pêcher et d’installer tout le monde confortablement. En sachant que j’ai une petite dernière de 6 mois qui est encore un peu trop petite pour les nuits en bivouac, cet endroit semble donc parfait.
C’est alors sur cette destination que nous décidons de nous rendre. Il s’agit d’un étang d’une trentaine d’hectares où du beau poisson nage. J’y avais déjà passé quelques jours au cœur de l’hiver, et de ce fait j’avais une bonne connaissance de la bathymétrie des fonds. N’ayant pas utilisé d’embarcation la fois dernière je l’avais échosondé à l’aide du Deeper greffé aux fesses de mon bateau amorceur.
Les fonds sont linéaires et tombent progressivement en pente douce à une profondeur de 8 mètres au plus profond.
Le substrat est sablonneux, et relativement compacte sur les 100 premiers mètres et devient très vaseux au centre de l’étang. Quelques roselières bordent le lac et certaines berges sont bordées par un mur en pierre en partie immergé quand le niveau d’eau est au maximum ; ce qui était le cas. Concernant les indésirables, il n’y a pas de poisson-chat, très peu d’écrevisses, seuls les brêmes peuvent se montrer embêtantes. Et pour ce qui est de la nourriture naturelle il semblerait qu’elle soit surtout composée de vers de vase et de Dressen.
À la lumière de toutes ces informations j’avais décidé cette fois-ci d’utiliser mon embarcation et de pêcher différentes zones du lac en bordure et en pleine eau pour essayer d’intercepter quelques poissons. C’est alors que dès mon arrivée j’ai pris l’initiative d’aller échosonder. J’utilise habituellement avec mon embarcation un échosondeur Side Imaging assez performant. Mais ayant changé récemment le support je n’avais jamais fait le test avec ma barque et il s’avéra que celui-ci n’était pas compatible car les parois étaient trop large pour pouvoir y visser le support. J’ai donc pris l’initiative de tester le bras articulé du Deeper qui lui s’adaptait parfaitement avec ma barque.
Je suis donc parti en quête d’informations et le Deeper s’est avéré plus que performant. Il m’a permis de rapidement repérer les quelques particularités du fond, qui pour moi, semblaient intéressante d’exploiter et de me donner les premières informations tel que la température de l’eau, soit 16°c.
J’ai donc mis deux cannes en bordure, une à proximité d’une roselière dans 2 mètres d’eau, et l’autre au pied d’un mur immergé dans environ 1,30 m. Les deux montages étaient eschés avec des boulards de 30 mm Nutrabaits Trigga Ice pour l’une et BFM Krill Cramberry pour l’autre.
Puis les deux autres cannes pêchaient en pleine eau soit 8m de profondeur en pleine vase. J’avais bien sûr pris soin de rallonger la taille de mon bas de ligne et de pêcher avec une présentation équilibré du type bonhomme de neige pour éviter que mon piège ne s’enfonce de trop dans la vase. Ces deux pièges étaient composés d’une bouillette de la recette Nutrabaits Trigga Ice en 20 mm et une pop-up de 16mm de la même gamme. Concernant l’amorçage je me suis contenté d’éparpiller une trentaine de bouillettes de différents diamètres autour du montage que j’avais pris soin de laisser tremper avec de l’eau du lac dans un seau. Cette technique permet de délaver les bouillettes, et d’équilibrer leur pH afin qu’il soit proche de celui du lac. Moi-même, ainsi que plusieurs pêcheurs avant moi ont constaté que sur des zones où le poisson est relativement méfiant à cause de la
pêche quasi quotidienne, cela peut permettre de déclencher des touches plus facilement. Le poisson a pris l’habitude de s’alimenter sur nos amorçages seulement après plusieurs jours d’immersion des appâts et donc en représentant ce type d’appâts vous simulez une zone amorcée depuis quelques jours et cela peut déjouer la méfiance des carpes dans certains cas et permettra de déclencher des touches plus facilement.
Les trois premières nuits furent plutôt calmes, et rien hormis quelques brèmes ne firent sonner mes détecteurs. J’ai essayé de déplacer mes montages en pleine eaux toutes les 24h. Concernant les montages placés en bordure je n’ai pas changé de spot. Je les ai même laissé pêcher plus de 48 heures sans y toucher.
Puis suite à la quatrième nuit quelques bip me réveillèrent vers 4h du matin. Pêchant à une certaine distance en bordure, la touche retour ne me permettais pas de savoir s’il s’agissait d’une carpe ou encore une fois d’une Brême. Je pris mon embarcation et ce n’est qu’arrivé à l’aplomb du poisson que j’ai pu constater qu’il s’agissait d’une carpe plutôt combative qui apparaissait de temps à autre dans le faisceau de ma frontale. Et c’est alors que j’ai eu le plaisir de sortir ma première miroir d’un gabarit satisfaisant sur ce plan d’eau. Très satisfait par cette capture j’ai décidé d’attendre le lever du jour pour réaliser les photos je l’ai donc placé un sac de conservation flottant dans une zone à l’ombre dépourvu d’herbier afin de ne prendre aucun risque sur le taux d’oxygénation de l’eau qui peut s’avérer dangereux pour les poissons. Il ne faut pas oublier que la photosynthèse des herbiers qui diffuse la nuit du CO2 peuvent asphyxier les poissons si on les place à proximité. Et aussi à l’ombre pour éviter les chocs thermiques surtout en cette période printanière où le soleil peu frapper parfois très fort.
Alors que je reprenais le chemin du sommeil cette même canne que j’avais replacé aussitôt se remet à biper. Encore quelques bips d’une touche retour qui ne peut pas vraiment nous indiquer de quel type de poisson il s’agit. Mais cette fois-ci le combat se fera de jour juste avant que les premiers rayons de soleil ne dépassent l’horizon. Une fois à l’aplomb il ne me fallut que quelques minutes pour apercevoir une première fois le poisson en surface. Mes jambes se mirent à trembler dès la vue de celle-ci… Oui c’était elle !!!! Le poids lourd du plan d’eau….
Je l’ai reconnu de suite ! Je l’avais déjà aperçu en photo dans les bras d’autres pêcheurs. Et bien que je n’étais pas en quette ou en monde « cibling » j’avais la chance de la voir là, au bout de ma bannière.
Chaque rush qu’elle fit en disparaissant en profondeur générait en moi des poussées d’adrénaline, peur de la décrocher aussi près du but. Mais au bout de quelques minutes elle finit par intégrer le filet de mon épuisette. Elle était énormissime au point de manquer de remplir ma barque d’eau en essayant de la hisser à bord.
Arrivé sur la berge je décide de la mettre en sac de conservation et replacer la canne rapidement, vue que le spot est productif et que je viens de capturer 2 miroirs en l’espace de quelques heures.
Ce n’est qu’une fois la canne replacé que je me lancerai dans la pesé qui annoncera 33 kilos . Je suis bien sûr émerveillé par le gabarit de ce poisson, mais je relativise : ce poisson est connu et beaucoup de pêcheurs l’on capturé avant moi il n’y a pas matière à s’enorgueillir, il ne s’agit pas d’un poisson difficile à piéger ni d’une navigatrice des grands lacs. Mais avoir un poisson de ce gabarit dans les bras ça fait vraiment drôle comme impression.
Puis la séance photo commencera, j’en profite pour remercier Aurélien, un pêcheur du coin que j’ai rencontré à mon arrivé sur le plan d’eau qui me donna un coup de main pour réaliser les photos.
Puis après la remise à l’eau j’en profiterai pour inspecter le lac à l’aide de mon drone. J’ai rapidement aperçu quelques regroupements de carpes aux abords des roselières. Signe qu’elles se préparaient à frayer vu la température de l’eau. J’ai tout de suite compris que les jours suivants allaient être bien plus difficile déjà que la pêche n’était pas simple ; Et que je venais de passer 4 nuits sans capturer le moindre poisson.
Il aura fallu attendre 48 heures de plus pour que mes détecteurs sonnent à nouveau, je fus très heureux de capturer cette fois si une belle commune du lac où les miroirs sont pourtant majoritaires.
Et pour finir comme je l’avais pressenti le reste de la session se montra particulièrement calme. La fraie était lancé et donc les carpes ne s’intéressaient plus à mes appâts malgré quelques tentatives de stalking pour détourner une ou deux koï que j’avais aperçu. Mais rien ne fonctionna. Quoi qu’il en soit j’avais réalisé ma Pêche avec ces 3 captures. Et une fois de plus l’utilisation du Deeper m’avait permis d’orienter mes choix sur les spots ou j’ai déposé mes montages.
Younes González